Emmanuel Audrain est un documentariste breton, dont les films gravitent beaucoup autour de l’univers de la mer. Non pas celle de Trenet ou de Valéry, mais celle, plus grave, que lui inspira le film de Kaminker et Dumaître, tourné en 1958 à l’île de Sein, La mer et les jours. Depuis son premier film Boléro pour le thon blanc, tourné à l'île d’Yeu en 1985, puis Les enfants de l’Erika, jusqu’à Alerte sur la ressource, en 2002, les films d’Emmanuel Audrain vont au plus près des prises de conscience de notre époque, sans jamais en oublier l’humanité au sens propre, c'est-à-dire le peuple des pêcheurs et autres gens de mer.
Autre point commun parmi les réalisations d’Emmanuel Audrain : la capacité d’écoute dont ils témoignent. On pourrait presque parler d’amitié comme valeur de plan ou de cadrage. Valent pour exemple ses films Mémoire des îles, Partir accompagné, Je suis resté vivant ! ou encore Le testament de Tibhirine et Retour en Algérie, à retrouver sur KuB.
Emmanuel se souvient que le travail du documentariste québécois Pierre Perrault, l’a marqué. L’auteur de Pour la suite du monde filme les habitants de l’Isle-aux-Coudres et partage avec eux, dans la durée, l’aventure du tournage.
Ce qu’Emmanuel offre le plus généreusement à ceux qu’ils filment, c’est précisément cette aventure du tournage, qu’il paye avec son temps. Avancer par des chemins non connus d’avance. Des films qui se font lentement. C’est un engagement, pas toujours facile à vivre économiquement. Mais, ceux qu’il filme ne s’y trompent pas ; ils apprécient ce respect et s’étonnent toujours d’être allés aussi loin. Le guide de ses réalisations ? Découvrir chez l’autre, le sens du bien commun, l’intelligence du cœur.