Aymé(e) Désiré(e)
Outrepasser la pudeur
Partir à la découverte d’un mythe, l’adapter pour en faire une œuvre collective, voilà comment se déroule l’aventure Aymé(e) Désiré(e). Le mythe c’est celui d’Éros et de Psyché, mortelle qui désespère de trouver l’amour tant sa beauté est déconcertante. Les hommes viennent l’admirer, l’aduler mais aucun d’eux n’ose la demander en mariage. Jusqu’à ce qu’Éros, le dieu de l’amour, tombe amoureux d’elle, provoquant les foudres de la déesse Aphrodite. S’en suivent des péripéties menant Psyché à la mort puis à l'Olympe. Ce mythe, c’est l’histoire d’un amour impossible et immortel.
Comment passer du mythe à la réalité, avec ses propres mots, sa propre expérience de l’amour, parfois mince à cet âge ? Quatorze adolescents tentent de poser des mots sur leurs sentiments, d’exprimer ce qui les anime.
Maladroitement parfois. À cet âge ingrat où tout semble grave, où tout est ressenti tellement fort que ça en devient indicible. C’est aussi l’âge des découvertes, des premiers grands émois, des questionnements. Comment trouver sa place dans un groupe ? Comment vivre en tant qu’individu dans le collectif ?
Leurs réponses, ils les trouvent sur un plateau. La scène comme exutoire, devant des spectateurs et non plus en société, pour trouver sa voie.
Il est surprenant de voir l’aisance avec laquelle ces comédiens en herbe se déplacent ; corps légers qui se touchent, se regardent, se mêlent avec une déconcertante facilité, qui énoncent des propos qui relèvent de l’intime alors qu’ils vivent une période où le moindre secret doit être gardé, où le corps se cache, se transforme, est indomptable et pataud.
Cet(te) Aymé(e) Désiré(e) est le point culminant de la 2e édition du festival Eldorado où les comédiens outrepassent leur pudeur pour aborder sans aucun complexe ce sentiment ardent et tourmenté qu’est l’amour.
Une page en co-édition avec:
AYMÉ(E) DÉSIRÉ(E)
AYMÉ(E) DÉSIRÉ(E)
par Hervé Portanguen (2018 – 8'20)
À l’âge où l’amour s’éprouve avec la force des premières fois. Le metteur en scène accompagne quatorze adolescents dans un spectacle passionné.
Nous voudrions raconter une histoire,
Nous voudrions avoir le premier rôle,
Nous voudrions émouvoir
Et si nous devions jouer des Dieux.
Et si nous vivions dans l’Olympe.
Tiens prends cette chaise et fais-toi un palais
Sous une pluie d’or fin on va s’aimer
Quatorze humeurs se partagent le plateau
Quatorze souffles, quatorze ardeurs, des voix, mélodies,
C’est une histoire, c’est bien de cela dont on parle
Dont on manque, se raconter des histoires avec des amants, des mots tendres, de la musique.
Ils se racontent une histoire pour passer ce temps ensemble qui ne demande qu’à être conté.
Je crois entendre encore,
Caché sous les palmiers,
Sa voix tendre et sonore
Comme un chant de ramier
Ô nuit enchanteresse !
Divin ravissement !
Ô souvenir charmant !
Folle ivresse ! Doux rêve !
Aux clartés des étoiles,
Je crois encore la voir
Entrouvrir ses longs voiles
Aux vents tièdes du soir
Ô nuit enchanteresse,
Divin ravissement,
Ô souvenir charmant !
Folle ivresse ! Doux rêve !
Divin souvenir !
Ô souvenir charmant !
Faire fi de tout
Faire fi de tout
par Julien Chavrial
Après avoir fondé le groupe des quatorze, avoir rompu des relations naissantes, avoir essuyé quelques larmes, nous avons fragmenté, disséqué les discours amoureux. Nous avions comme objectif de tout se dire, de se nourrir au mieux des expériences des uns, des autres et de lire : des poètes, des auteurs, de la musique.
Puis vint le silence, abrupt mais nécessaire !
N’est-ce pas le silence qui détermine et qui fixe la saveur de l’amour ? Privé du silence, l’amour n’aurait ni goût ni parfums éternels. Qui de nous n’a connu ces minutes muettes qui séparaient les lèvres pour réunir les âmes ? Il faut les rechercher sans cesse. Il n’y a pas de silence plus docile que le silence de l’amour. Maurice Maeterlinck
Comment évoquer nos sensations, impressions, compressions internes sans les théoriser et les vulgariser ?
Nous étions lancés dans une quête. Il fallait puiser à la source pour atteindre le but. Il fallait s’élever plus haut encore et boire à la coupe le nectar des Dieux et s’y abreuver. Nous avons épluché le mythe d’Éros et Psyché. Nous nous sommes érigés en spécialistes, nous sommes devenus les savants de l’amour. Et aujourd’hui, avec vous, nous remettons tout en question. Nous sommes avides de nouvelles découvertes. Alors tentons de tout oublier, de faire fi de tout.
Sommes-nous capables d’aimer ?
Amour
Amour
Un sujet qui passionne, déchire et qui est, depuis toujours, source d’inspiration. L’amour inspire, se diffuse, se partage, tout comme l’art. Eldorado, c’est l’occasion de donner du sens au collectif, de réunir les gens qui ne sont pas habitués aux lieux de spectacle, de leur permettre de s’approprier le théâtre de Lorient et son parvis. Ainsi, pour cette deuxième édition, musique, graff, théâtre et performance se retrouvent autour d'un thème universel, qui depuis l'Antiquité, crée des liens forts : l’amour.
JULIEN CHAVRIAL
JULIEN CHAVRIAL
Julien Chavrial suit une formation littéraire à Strasbourg où il rencontre Philippe Berling qui le met en scène pour la première fois dans La Petite Catherine de Heilbronn de Heinrich Von Kleist (1992), puis dans Peer Gynt d’Henrik Ibsen (1995), La Cruche cassée de Heinrich Von Kleist (1998), Il est de la police d’Eugène Labiche (2002), La Sortie au théâtre de Karl Valentin (2004), Feu la mère de Madame de Georges Feydeau (2003) et Le Mariage de Figaro de Beaumarchais (2004). Il a aussi travaillé avec Frédéric Fisbach pour À trois de Barry Hall (1999), Frédéric Aspisi dans Rien... Euh, Pardon ?, Philip Boulay pour Les Caprices de Marianne d’Alfred de Musset et Christian François pour Les Oiseaux d’Aristophane (2004).
Il participe également à la création de la Compagnie d’Edvin(e)
d’Éric Ruf et joue dans Du Désavantage du vent (1998) et Les Belles Endormies du bord de Scène (1999). En 2008, il joue dans Hop-là ! Fascinus !, un spectacle réunissant trois collectifs : Le Cheptel Aleïkoum, la Compagnie Octavio et Les Possédés. Avec le Collectif Les Possédés, il joue dans Le Pays Lointain de Jean-Luc Lagarce (2006), remplace Rodolphe Dana dans Oncle Vania d’Anton Tchekhov (2004), joue dans Merlin ou la terre dévastée de Tankred Dorst (2009), Tout mon amour de Laurent Mauvignier (2012) et Platonov d’Anton Tchekhov (2014). Membre du Collectif Artistique du Théâtre de Lorient, il est interprète dans Le Yark mis en scène par Émilie Lafarge (2015) et occupe la fonction de responsable pédagogique au sein du théâtre depuis septembre 2017.
Du mythe à la réalité
Du mythe à la réalité
OUEST-FRANCE, Loïc TISSOT >>> Qu'est-ce que tu es prêt à faire par amour ? Fichtre, bougre. Il faut croire qu'on se posera toujours la question. Ne vaut-il mieux pas rester sans réponse ? Ce n'est pas le sujet du bac de philo. Mais ça vaut le coup d'en découdre autour d'un projet théâtral.
OUEST-FRANCE, Charlotte HEYMELOT >>> Tout a été construit autour du mythe d'Eros et Psyché, raconte celui qui signe pour l'occasion sa première mise en scène. À partir de ce fil rouge et d'un corpus de textes, les apprentis comédiens (sélectionnés après une audition) ont apporté leurs contributions lors d'ateliers collectifs. J'ai ensuite écrit la pièce en fonction de leurs personnalités, comme une évidence.
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