Pensée du tremblement
Prendre le temps de ralentir, d’être avec soi, de sortir du tourbillon de la consommation, voici ce que propose Bernardo Montet avec Carne. Par le truchement de photographies centenaires d’un peuple primitif d’Ushuaïa, il bâtit une chorégraphie qui nous restitue leur présence, leur rapport au corps et au monde. Il ajoute à cela la pensée du tremblement selon Édouard Glissant, état qui nous rend résistant aux raidissements de la pensée unique et nous garde de verser dans des absolus.
CARNE
CARNE
par Hervé Portanguen (2018 - 5’)
>>>> un reportage tourné dans le cadre du festival Dañs Fabrik
Introspection sensible
Introspection sensible
par Bernardo Montet
Accepter une pensée du tremblement c’est faire vaciller nos certitudes, nos doctrines, c’est laisser une place à l’autre qui est en nous. Carne est la manifestation de ce tremblement, jusqu’au débordement. Carne est réappropriation de son corps, de sa chair, dans sa dimension originelle, archaïque, sacrée. Nous nous sommes appuyés sur les recherches du missionnaire allemand Martin Gusinde sur les peuples de la Terre de Feu (Ushuaïa), il y a un siècle. Révélation d’un théâtre immobile.
Il y a un besoin profond de suspendre le temps, de réactualiser notre rapport au monde pour être à nouveau contemporains des vivants, d’ouvrir grand les yeux.
BERNARDO MONTET
BERNARDO MONTET
Après avoir commencé des études de psycho-motricité Bernardo Montet rencontre la danse avec Sylvie Tarraube-Martigny, Jean Masse et Jacques Garros (fondateur du Travail Corporel) et se tourne vers la danse. Il suit la formation de l’école Mudra de Maurice Béjart à Bruxelles, obtient une bourse du ministère de la culture pour aller étudier au Japon la danse Butoh avec le maître japonais Kazuo Ohno.
Dans les années 90, il co-dirige avec Catherine Diverrès le Centre chorégraphique national de Rennes et de Bretagne jusqu’en 1998, année où il crée sa compagnie Mawguerite qu'il a depuis, implanté depuis à Morlaix.
Toutes ses pièces, portées par l’exigence et la radicalité, traitent de sujets qui lui sont chers : le colonialisme, la mémoire, l’identité, la conscience des corps, la résistance... Chaque chorégraphie surgit de la précédente pour tisser une image à la fois semblable et différente : les corps, dans leur dimension poétique et politique, rejouent le monde qui nous entoure.
Retrouvez ici la fiche artiste de Bernardo Montet
Anthropologie
Anthropologie
INFERNO >>> Bernardo Montet nous transporte comme il dit dans une situation trans-humaine et trans-historique, une régression à l’instinct animal. Avec Carne il maintient son univers poétique et politique en plongeant notre regard sur ces peuples disparus de la Terre de Feu : les peuples Selk’nam, Yamana et Kawésqar, s’inspirant des photographies du missionnaire allemand Martin Gusinde. Sans caricature, autrement dit sans passer par une reproduction primaire des rites mais à travers de subtiles évocations, Bernardo Montet reste fidèle dans sa pièce chorégraphique à la recherche anthropologique du photographe.
France Ô >>> La pensée du tremblement Édouard Glissant interrogé par Laure Adler, Glissant parle de la pensée du tremblement, lors de la publication d'Une nouvelle région du monde (Tropismes, France O, 2007)
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