Adieu
D’un bout à l’autre du clip, l’œil de la caméra est rivé sur la troublante présence androgyne de Delphine Robet, qui interprète cet Adieu, dont Super Parquet assure l'intense accompagnement musical. Un adieu à la terre des origines, non de celui qui s’en va mais de celle qui reste, déchirée. Le clip, d'une poignante beauté, sonde pudiquement cette douleur de la séparation.
Adieu est un chant traditionnel qui évoque l'histoire des migrants qui partaient jadis de France pour des contrées lointaines. Il se focalise sur les fractures amoureuses que provoquent les migrations. L'homme part, la femme reste, les candidats à un nouveau départ avancent dans l'inconnu, ceux qui restent ont le cœur brisé.
ADIEU par Super Parquet
ADIEU par Super Parquet
un clip réalisé par Tangui Le Cras (2020 - 6’)
Difficile exil
Difficile exil
par Tangui Le Cras
S’exiler. Partir par obligation, pour survivre.
Se mettre dans la peau de ceux qui doivent massivement fuir, aujourd’hui. Ceux qui n’ont pas le choix. Ceux pour qui la survie est une histoire quotidienne. Se figurer ce départ toujours provoqué par une famine, une guerre, une nature hostile. Et se rappeler que c’est aussi notre histoire.
Quand j’écoute Adieu j’oublie la Californie, j’oublie la Calédonie. J’oublie que, peut-être, il fut questions de bagnards ou de pionniers, de marins ou de soldats. Je pense aux exilés contemporains. Je pense à une survie qui aujourd’hui pourrait s’appeler Europe. Je ressens le déchirement de celle ou celui qui part, de celui ou celle qui reste. Une douleur, une colère et puis l’abandon. Je pense aussi à une partie de ma famille paternelle.
Ils vivaient dans la région de Gourin et quittèrent le Centre Bretagne dans les années 50 pour New York. Pour manger, pour subvenir, pour rêver de meilleur. Des communes avec 60% d’une génération partis en deux ans. Je ne les ai pas connus. Je ne connais pas leurs descendants. Mais souvent je les imagine partant. J’imagine les jours, les mois, les années suivantes.
Et je pense surtout à ceux qui sont restés. Un amour, un ami, un enfant, un parent.
Super Parquet
Super Parquet
Super Parquet, c'est trois amis qui se rencontrent sur les bancs de la CEFEDEM à Lyon. L'un vient du milieu trad, les deux autres de l'électro. Mais Louis, Julien et Simon découvrent vite, entre ces deux univers à priori éloignés, un dénominateur commun : la danse, la liesse collective et une énergie enveloppante. Il y avait là quelque chose à explorer. Le trio recrute alors Antoine, qui promène son banjo sur les scènes du milieu trad depuis l’âge de 11 ans, et c’est dans cet équilibre entre la trad et l’électro que nait le quartet Super Parquet.
Un nom qui annonce la couleur et qui leur permet de voyager d’une région à une autre dans le petit milieu des bals et du trad. Ils se produisent aussi dans les milieux underground, les squats, et leur musique finit par arriver aux oreilles de Tangui Le Cras, co-programmateur de la scène Gwernig des Vieilles Charrues, qui deviendra leur manager. Le breton y trouve ce qu’il cherchait depuis longtemps : une musique pop issue de la rencontre entre électro et musiques populaires (terme qu’il préfère à celui de trad), consciente de ses deux origines pour éviter tout cliché, tout mauvais goût. Ajouter un kick sur un air folklorique ? On en est loin.
Sur le premier EP du groupe, intitulé Super Parquet et sorti sous licence creative common, on trouve de quoi satisfaire tout le monde. Il y a le drone et le bourdon. Mais c’est la même chose. Un bourdon qui chasse le cafard et donne des fourmis dans les jambes, tandis que les pieds se mettent à taper sur le parquet (ou le dancefloor, c’est la même chose). Il y a du chant, il y a les sons construits pour être enregistrés et ceux pour vous envoyer au tapis en live.
La machine s’emballe en 2016 quand le quartet se produit aux TransMusicales de Rennes. L’ovni est l'une des révélations du festival et, avec seulement un EP, part faire danser les foules dans plus d’une centaine de concerts et festivals y compris à l’étranger.
Si le groupe cite volontiers Malicorne, Toad ou Familha Artus parmi leurs influences, force est de constater que Super Parquet explore l’air de rien un terrain qui, pour médian qu’il soit entre deux composantes, n’en reste pas moins une terra incognita.
Tangui Le Cras
Tangui Le Cras
Tangui Le Cras est né en 1982 en Centre-Bretagne dans la région de Rostrenen. Après un baccalauréat agricole, il s’oriente vers les métiers de la culture et lie territoires et musiques populaires à sa démarche. Il se forme alors à plusieurs métiers du spectacle vivant, production, régie, communication et multiplie les expériences dès 2002 dans différents festivals bretons (Fisel, Vieilles Charrues, Transmusicales). Depuis 2011, il partage son activité entre l’accompagnement professionnel d’artistes musiciens et la régie et productions d’événements.
En 2018 il réalise son premier film, Je ne veux pas être paysan, écrit avec Anne Paschetta. Produit par Vivement Lundi et France Télévisions, ce documentaire est récompensé à plusieurs reprises, recevant notamment une étoile de la SCAM.
En 2020, il réalise son premier film musical pour Super Parquet, Adieu. En parallèle il débute l’écriture d’un nouveau film documentaire.
De la musique psychédélique du Massif Central
De la musique psychédélique du Massif Central
TRAX MAGAZINE >>> Comment Super Parquet mêle techno, banjo et cornemuse pour raviver l’esprit des bals pop ?
En novembre 2019, le groupe Super Parquet sortait un premier album éponyme, savant mélange d’instruments, de thèmes traditionnels et de sonorités électroniques. Signé sur le label Pagans, cet opus est l’aboutissement de plusieurs années intenses de scène, qui ont conduit le groupe des bals populaires jusqu’aux plus grands festivals de France.
CONCERT AND CO >>> Nous, c'est Super Parquet, on fait de la musique psychédélique du Massif Central ! Voilà comment le groupe auvergnat s'est présenté au public au début de son enthousiasmant concert donné lors des Trans Musicales de Rennes 2016... Super Parquet c'est plus fort que toi, ceux qui les ont vu en live le comprendront aisément.
MUZZART >>> Adieu instaure du chant dans le premier album de Super Parquet et la cohésion entre les membre du quatuor devient évidente. C’est le choc des cultures, rarement un son aura à ce point donné l’impression d’unir, sous les mêmes notes, un tel panel sociétal.
COMMENTAIRES