Echoes of our days

Miniature - The last morning soundtrack

On prend plaisir à perdre pied, que le cours des choses nous échappe.

Exercice de délicatesse avec le clip Echoes of our days de The last morning soundtrack. Dans un décor sylvestre et diaphane résonne la musique, naturellement cinématographique du groupe pop-folk, comme une invitation à les suivre dans une errance mélancolique qui nous pique les yeux d’une allégresse cotonneuse. Le label Abyss Media signe ici un clip extatique où l’on s’accroche au mystique, peu importe sa forme. Attention, solitude posée et reconnexion avec les éléments dans 5, 4, 3, 2, 1… piano...


Sur le rythme lent de quelques accords mélos s’éveille une jeune femme, les gestes ralentis, le pas légèrement lourd. Elle suit un fil d’Ariane invisible à nos yeux qui la transporte au cœur d’une forêt, au centre d’une cascade et au milieu d’une plage, tel le noyau gravitationnel d’une nature préservée avec laquelle elle se confond. Les tons pâles se mélangent au gré des envolées du morceau, délicieusement fatalistes, et Marion Texier, étrangère en ces lieux quasi-sacrés, semble vouloir se mélanger aux éléments, se dissoudre dans l’eau, se confondre avec le lit de ce bois silencieux. La forêt est le lieu où l’on joue l’égarement et où l’on feint la fuite - il est ici la fondation de son introspection où elle s’offre à l’infiniment grand, à l’impalpable. Du haut de la cime des arbres, l’humanité est impressionnante, au sol, elle est accablante. Une fois perdus, nous voilà tous païens, et le désenchantement du monde se lit au rythme des pas de cette aventurière égarée, tandis qu’elle se tourne vers un mysticisme protéiforme.

Elle se recueille en ces divers lieux, sur l’autel de la forêt ou d’une mystérieuse chapelle, les mains liées et le regard émerveillé, respectueuse d’un silence d’où pourrait apparaître une épiphanie. La caméra se fait volante, nébuleuse, et l’accompagne comme un fantôme accroché par dessus son épaule. Une présence invisible qui jamais ne nous quitte et qui prend forme à la fin du clip, lorsqu’une étrange silhouette sort du flou, qui semble avoir imaginé la déambulation cathartique de cette évanescente jeune fille.

Echoes of our days met en scène un monde de fantômes et d’ombres, de souvenirs, qui prennent forme dans les ruines, les flous et les fondus enchainés, avec pour fil conducteur l’eau d’où découle cette mystérieuse déambulation. On y fait la part belle à la nature qui excède l’homme et son langage comme dans un film de Terrence Malick, jusqu’à devenir la véritable narratrice de cette échappée, jusqu’à voler la vedette à son héroïne qui finit par s’y évaporer, comme dissoute dans l’écume des vagues. Une nature à travers laquelle on espère se révéler, tels les fidèles d’une procession solitaire dont la musique de The last morning soundtrack se fait l’écho parfait. On prend plaisir à perdre pied, on savoure le cours des choses qui nous échappe, pour que ne reste plus qu’une certaine grâce... puisque nous sommes tous destinés à disparaître, à nous évanouir, à devenir des fantômes, poussières soumises au vent...

BIOGRAPHIE

THE LAST MORNING SOUNDTRACK

Sylvain Texier débute la musique à l’âge de 8 ans, une paire de baguettes en main et des rythmes plein la tête. Plus de 15 années d'études, de passion, et d'expériences en groupe ont construit son identité musicale. Caché derrière sa batterie pendant les concerts, il n’en est pas moins un membre actif de différents groupes. À la fin de l'été 2007, suite à un évènement qui marque un profond changement dans sa vie, Sylvain ressent le besoin de créer une musique qui lui ressemble. II compose, écrit et enregistre seul chez lui pendant des mois et lance, en septembre 2008, ses morceaux sur internet sous le nom The last morning soundtrack.

Fin 2009, après des apparitions plutôt remarquées, notamment au festival La Route du Rock et en finale régionale des Découvertes du Printemps de Bourges, Sylvain commence à rassembler des notes au Studio du Faune, et esquisse ce qui deviendra Ie premier album de The last morning soundtrack : A distance. A lack.


En 2010, le groupe fait un pas de plus vers la professionnalisation, les concerts s'enchaînent. The last morning soundtrack assure notamment de nombreuses premières parties : Cocoon, Lou Doillon, Jean-Louis Murat, Bertrand Belin... Après quelques mois de résidence entre Rennes (Antipode), La Rochelle (Le Chantier) et CIichy-Le-Garenne (Théâtre Rutebeuf), The Last Morning Soundtrack présente en 2012, un nouveau spectacle aux allures cinématographiques, mis en scène par Nery (-M-, Cascadeur, etc.) et mis en lumières par Julien Bony (Nosfell. Emily Loizeau, etc). Atmosphère travaillée, délicatesse exacerbée, le spectacle a pris une tournure résolument intimiste et poétique. Après la sortie d'un EP intime et cotonneux en 2013, Sylvain décide d'enregistrer le deuxième album de The last morning soundtrack : Promises of pale nights. Le disque naît entre Rennes et Paris en 2014. Plus de six mois d'un travail acharné pour parfaire un univers déjà singulier, onirique, sans concessions.

BIOGRAPHIE

JÉRÉMY BLEUNVEN

Jérémy Bleunven

Chaudronnier de formation mais passionné par la création vidéo, Jérémy Bleunven quitte Brest à 21 ans pour rejoindre les bancs de la fac à Rennes 2 et y étudier les arts du spectacle. Sur le campus, il rencontre d'autres étudiants passionnés de cinéma avec qui il réalise ses premiers films. Cinq ans d'études plus tard il lance son entreprise Abyss Media en référence à sa deuxième passion, le monde sous-marin. Il réalise des films d'entreprises et des publicités, mais surtout des clips. Il en a réalisé une vingtaine notamment pour Degiheugi, The last morning soundtrack ou Roman Electric Band.
Il aime tourner en lumière naturelle avec un jeu d'acteur réaliste. Son objectif est cependant de transcender le réel à travers la mise en scène.
Par ailleurs, il participe à des projets visant à démocratiser la permaculture et les modes de vies alternatifs respectueux du vivant.

REVUE DU WEB

PUDEUR POÉTIQUE

The last morning soundtrack
© Titouan Massé

Sud Ouest >>> Il chante ce qu’il écrit, et il écrit comme si c’était toujours l’hiver dans sa vie. Et si Sylvain Texier chante en anglais, c’est parce qu’il a subi les influences anglo-saxonnes et appris cette langue, très tôt, dans les livrets des albums de Bob Dylan et Neil Young. Logiquement, ce jeune adepte de la pop folk s’est rebaptisé The last morning soundtrack. Traduction approximative : « La bande son du dernier matin ». Ça résonne comme la fin du monde et on le lui a souvent fait remarquer ! Mais ce n’est pas du pessimisme, explique-t-il, j’aime la musique un peu mélancolique. J’ai pris ce nom le jour où j’ai posté ma première chanson sur Internet. « Soundtrack », c’est parce que j’aimerais que ma musique accompagne les gens.

Magic, Matthieu Grunfeld >>> Réfractaire à toute forme de bling-bling musical, Texier n’est pas non plus de ceux qui cherchent l’accroche immédiate. Les arpèges de guitares, quelques touches de piano et un violoncelle suffisent ici à planter un décor familier : un folk mélancolique où les confessions voilées d’une pudeur poétique attisent l’impression de complicité plus qu’elles ne forcent la compassion.

Mowno >>> The Last Morning Soundtrack a pour lui de se contenter de peu. Élégantes, ses compositions sont concises et les rares envolées orchestrales sont savamment dosées. En toute légèreté, le songwriter ajoute avec parcimonie glockenspiel, quelques touches de piano ou encore de violoncelle. Néanmoins, c’est bien dans l’épure totale qu’il impressionne, notamment grâce à sa voix captivante et enlevée. Une certaine nonchalance plane, et si l’émotion règne, ce n’est pas celle des froides nuits d’hiver mais bien la mélancolie de ces soirées estivales où, malgré l’envie, ta petite main n’osa pas approcher celle que tu désirais.

COMMENTAIRES

    CRÉDITS

    musique The Last Morning Soundstrack
    composition Sylvain Texier
    enregistrement Sylvain Texier, Damien Tillaut
    mixage Damien Tillaut
    mastering Rémi Salvador - Climax Mastering
    album Promises of Pale Nights
    label Rival Colonia

    réalisation Jérémy Bleunven (Abyss Media)
    assistant de réalisation Brice Balluais
    actrice Marion Texier
    maquillage Fanny Lego
    lieux de tournage Mortain (50) et Saint-Malo (35)

    Artistes cités sur cette page

    Jérémy Bleunven

    Jérémy Bleunven

    KuB vous recommande