Entre ciel et terre
13/10/2025
C’est l’histoire d’une maison implantée sur le toit d’un bâtiment au cœur de Brest, celle d’un couple épris de son quartier et ne souhaitant pas quitter son immeuble, et qui parvient à convaincre les copropriétaires d’autoriser une surélévation. En réalité, il s’agit plus d’un penthouse, un appartement de luxe davantage qu’une maison classique sur son lopin de terre. Qu’importe, la proposition est poétique, le résultat intriguant, les modes de vie bousculés.
Dans un projet de maison individuelle, il y a d’abord le contexte : le terrain, le site proche ou lointain, le rapport à la terre, au paysage. Ici nous sommes dans un projet hors sol, les espaces non-bâtis sont les pieds d’immeuble, nappés de bitume. Vu de là-haut le paysage en contrebas donne le vertige. Cette soudaine relation entre la maison et ce vide intrigue, fait rêver. Est-ce que la maison lévite ou est-ce le monde qui s’est affaissé ? Tout autour, d’autres îlots, plus ou moins proches, plus ou moins hauts, plus ou moins accueillants. De petites montagnes qui attendent peut-être qu’une cigogne vienne y bâtir un nid. Et l’on se prend à imaginer à quoi ressemblerait une ville si tous ces immeubles anciens venaient à se coiffer ainsi d’un chapeau haute couture.
Et la technique dans tout cela ?
Il aura fallu la ténacité et l’ingéniosité d’un bureau d’étude pour valider le principe constructif et assurer une stabilité de l’édifice. Ensuite c’est l’architecte qui a dû faire preuve d’imagination et de virtuosité pour adapter son dessin autour des contraintes techniques. Il y a bien des avantages à ce type de réalisation : la remise en état des toitures, l’allégement des charges de copropriétés et la valeur que prend l’immeuble quand le résultat est probant.
Construire sur les toits d’immeubles est aussi une réponse au besoin de densification des centres urbains, contre l’étalement des zones péri-urbaines au détriment des terres fertiles. Ici la ville ne s’étale pas, mais s’étire en hauteur. Cette réalisation nous fait alors imaginer à quoi pourrait ressembler la ville de demain. Et nous voilà comme Italo Calvino à rêver de villes imaginaires, et d’habitants, tels le Baron perché, suspendus entre ciel et terre.
LA MAISON SUR LE TOIT
LA MAISON SUR LE TOIT
Archi à l'Ouest est le magazine d'architecture co-produit par TébéO et les CAUE des Côtes d’Armor, du Finistère et du Morbihan, présenté par Frédéric Lorenzon.
Jardin d'hiver
Jardin d'hiver
par Claire Bernard et Yannick Jégado
Depuis notre premier projet de maison, nous essayons de faire en sorte que les exigences thermiques ne soient pas seulement une contrainte mais puissent nourrir notre créativité. Ainsi, beaucoup de nos projets explorent les vertus des serres bioclimatiques, qui étendent l’espace habitable en offrant un lieu ouvert mais abrité. C’est dans cette optique que nous avons inclus un jardin d’hiver dans la maison sur le toit*.
Les contraintes du site ont déterminé la forme de la maison. La sobriété du volume permet une construction simple et un vaste volume intérieur. Les deux pentes de toit sont inversées afin de faciliter l’entretien de la couverture. Enfin, les matériaux employés ont été choisis pour leur finition brute dont l’aspect se patinera avec le temps et dont on a pu trouver des usages répétés dans le quartier.
* prix de la MAeB (Maison de l'Architecture et des Espaces en Bretagne) en 2018.
Claire Bernard
Claire Bernard
Originaire de la région de Morlaix, Claire Bernard a d’abord étudié au conservatoire de Brest, puis à l’école des Beaux-Arts. Elle a ensuite intégré l’école d’architecture de Paris-Belleville avec une spécialité dans la réhabilitation, qui l’a menée par la suite à travailler sur des monuments historiques et lui a donné une solide connaissance du bâti ancien.
En 2010, elle rejoint Yannick Jégado, un architecte animé par la question environnementale, formé à l’École Polytechnique Fédérale de Lausanne puis à l’Université de Louvain-la-Neuve en Belgique, à l’issue de laquelle il obtient un Diplôme Postgrad Européen en architecture et développement durable.
Un sacré potentiel
Un sacré potentiel
FRANCE CULTURE >>> À l’occasion du colloque Toit sur Toit à la maison d'architecture en Île de France, on s’interroge sur les questions que soulève la pratique de construire sur les toits.
OUEST FRANCE >>> Avec le propriétaire et les architectes, visite de la maison dans les nuages : L'alternative à ces lotissements qui poussent comme des champignons... À l'heure de l'économie d'espace, c'est un vrai engagement et c'est faisable.
CITE DE L'ARCHITECTURE ET DU PATRIMOINE >>> Laboratoire du logement : Construire sur les toits. Les échelles de la densification, débats.
1. Construire sur les toits, version XS
2. Surélévations et réhabilitations XXL État des lieux et perspectives
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