Où le souffle est resté

Ou le souffle est resté expérimental
BANDE-ANNONCE

OÙ LE SOUFFLE EST RESTÉ

un film d'Emmanuel Piton (2014)

Écouter/voir ce film d’Emmanuel Piton par temps de canicule augmente sa capacité suggestive, déjà forte. Il nous plonge dans une nuit d’orage, un orage tranquille, presque sensuel, nous laissant durablement dans une obscurité profonde pour mieux l’écouter et dévoilant par à-coups des habitations en vis-à-vis. Le son des gouttes de pluies lourdes est tel que l’on en sentirait presque l’impact sur soi.

Expérience d’écoute donc, avant de devenir visuelle (la cadence des éclairs augmente au fil du temps). Dans ce surcroît d’images se glisse un piano qui semble improviser sur les images, avec emphase, entre drame et distanciation ironique. Hommage à l’ombre, au cinéma muet peut-être, hommage à la poésie sans doute, puisque le film se conclut par une citation de Pierre Reverdy : Sous le ciel ouvert / Fendu / Un éclair où le souffle est resté / Suspendu.

En savoir plus sur l’auteur Emmanuel Piton

BIOGRAPHIE

PIERRE REVERDY

Où le souffle est resté - expérimental

Poète français issu d’une famille de sculpteurs, de tailleurs de pierre d’église. Toute sa vie sera marquée par un sentiment de religiosité profonde. En 1926, à l’âge de 37 ans, annonçant que libre penseur, [il] choisit librement Dieu, il se retire dans une réclusion méditative près de l’abbaye bénédictine de Solesmes où il demeure — bien qu’il ait, semble-t-il, perdu la foi — jusqu’à sa mort en 1960. Il veut qu’il ne demeure de lui qu’un portrait symbolique, dépouillé des détails de l’existence, et ramené à l’essentiel. [Wikipedia]

Son poème L’Image (à suivre) est un bel objet de méditation pour qui veut en produire ou en lire. Vous trouverez ensuite le texte intégral de L’orage, qui a inspiré le réalisateur Emmanuel Piton.

L'image

L’Image est une création pure de l’esprit.
Elle ne peut naître d’une comparaison mais de rapprochement de deux réalités plus ou moins éloignées.
Plus les rapports des deux réalités rapprochées seront lointains et justes, plus l’image sera forte, plus elle aura de puissance émotive et de réalité poétique.
Deux réalités qui n’ont aucun rapport ne peuvent sa rapprocher utilement. Il n’y a pas création d’image. Deux réalités contraires ne se rapprochent pas. Elles s’opposent.
On obtient rarement une force de cette opposition.


Une image n’est pas forte parce qu’elle est brutale ou fantastique, mais parce que l’association des idées est lointaine et juste.
Le résultat obtenu contrôle immédiatement la justesse de l’association.
L’Analogie est un moyen de création.
C’est une ressemblance de rapports ; or de la nature de ces rapports dépend la force ou la faiblesse de l’image créée.
Ce qui est grand ce n’est pas l’image, mais l’émotion qu’elle provoque ; si cette dernière est grande on estimera l’image à sa mesure.
L’émotion ainsi provoquée est pure, poétiquement, parce qu’elle est née en dehors de toute imitation, de toute évocation, de toute comparaison.
Il y a la surprise et la joie de se trouver devant une chose neuve.
On ne crée pas d’image en comparant (toujours faiblement) deux réalités disproportionnées.
On crée, au contraire, une forte image, neuve pour l’esprit, en rapprochant sans comparaison deux réalités distantes dont l’esprit seul a saisi les rapports.

L'orage

La fenêtre un trou vivant où l’éclair bat
Plein d’impatience
Le bruit a percé le silence
On ne sait plus si c’est la nuit
La maison tremble
Quel mystère


La voix qui chante va se taire

Nous étions plus près

Au-dessous

Celui qui cherche

Plus grand que ce qu’il cherche

Et c’est tout

Soi Sous le ciel ouvert

Fendu

Un éclair où le souffle est resté

Suspendu.

COMMENTAIRES

    CRÉDITS

    un film de Emmanuel Piton

    avec l’aide de Emilie M

    piano Pastiche B

    Artistes cités sur cette page

    Emmanuel Piton Réalisateur

    Emmanuel Piton

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