Lapin philosophe
14/10/2026
En 2002, à Pouldreuzic, en Pays Bigouden, Gérard Alle tombe amoureux d’un bistrot de campagne et de sa tenancière : Yvonne.
Dix ans plus tard, il en conçoit un projet de film : Mon lapin bleu, portrait de la patronne et de ses clients. Un condensé d’humanité dans lequel chacun peut se reconnaître. Le film est un succès, tant son charme est communicatif. Le style de l’écrivain-réalisateur se marie à la perfection avec le monde d’Yvonne, spirituel et trivial.
MON LAPIN BLEU
MON LAPIN BLEU
de Gérard Alle (2012 - 51')
En 2012, l’écrivain Gérard Alle caresse l’idée de faire son premier film au Lapin bleu. Son propos est savoureux. J’aime ce café plus que tout autre. Un endroit où tout le monde se dit bonjour et se parle. La patronne sert des petits rouges, vend du pain, moud du poivre dans son antique moulin, trouve le mot juste, la phrase qui sauve la journée. Elle est aussi une passionnée de littérature et de philosophie, et je suis très fier qu’elle apprécie mes romans.
>>> un film produit par Laurence Ansquer, Tita Productions
D'un lapin à l'autre
D'un lapin à l'autre
Par Gérard Alle
J’ai réalisé Mon lapin bleu en 2012, le parti-pris était de mettre le spectateur dans la situation d’un client, de lui faire vivre le quotidien du café. Yvonne y évoquait un peu sa philosophie du métier de tenancière, mais prise par son personnage public, elle n’abordait jamais son histoire personnelle. À mon grand étonnement, trois semaines après le tournage, elle m’annonçait l’arrêt de son activité. Quand je lui ai demandé si c’était à cause de nous, elle m’a répondu : Pour qui tu te prends ?
La complicité qui s’est établie entre nous (mais aussi avec le cadreur et le preneur de son), lors du premier tournage et en-dehors, et la situation nouvelle offerte par la fin officielle de l’activité commerciale permettent de passer à un autre stade : celui de la confidence. Revenir quatre ans après a permis d’aborder des sujets dont on ne parlait pas quand le bistrot existait encore… C’est tout l’intérêt de ce second documentaire, à l’instar de ce qu’a fait Raymond Depardon avec ses paysans, d’abord filmés en activité, puis en retraite des années plus tard : Yvonne était une sorte d’actrice, toujours en représentation.
Aujourd’hui, comment passe-t-elle ses journées ? Comment supporte-t-on la solitude quand on a été tenancière, donc personnage public ? Comment s’accommode-t-elle d’un pareil changement, elle qui disait ne pas avoir besoin d’aller voir le monde puisque le monde venait à elle ? Quels autres événements ont pu changer sa façon d’être, depuis sa jeunesse à l’ego qu’elle décrit comme multidimensionnel ?
L’emploi de la langue bretonne permet ici de passer un nouveau cap. Quand la langue française était celle de la représentation, la langue bretonne s’avère la langue de la confidence.
Dans Al lapin a c’haloup bepred, Yvonne se défend de tomber dans la nostalgie. Ce n’est pas le genre de la maison ! Pourtant, tout nous interpelle sur notre relation au temps qui passe. Yvonne nous parle des valeurs d’humanité et de la qualité des rencontres, de la magie de ces commerces de campagne. Elle croit tellement en ces valeurs qu’elle est persuadée que cette convivialité renaîtra sous d’autres formes… Espérons.
Trois ans après, c’est le même lieu. Il y a toujours le même comptoir bas, les mêmes étagères de bouteilles, mais les étagères qui recevaient l’épicerie, les boîtes de pâté Hénaff ou de langue de bœuf Larzul, les cigarettes, sont vides. Le rapport entre les images d’avant – avec le bistrot plein comme un œuf – et les images d’aujourd’hui, nous font ressentir le poids du temps qui a passé. Jusqu’aux traces de la sueur des paysans sur le dos des chaises…
Yann Bijer, romancier et conteur bigouden, dans le bar vide, tous deux assis à une table. Du temps du café, Yvonne était toujours vêtue du même vieux pull. Aujourd’hui, elle met du rouge à lèvres rose, assorti avec ses habits, et s’habille plus « chic ». Ils échangent sur leur vision du monde et du pays, sur le métier de tenancière et la solitude, le changement de vie quand on cesse une activité professionnelle.
Gérard Alle
Gérard Alle
Après avoir été, successivement ou en même temps, facteur, VRP, boulanger, céramiste, comédien, restaurateur, apiculteur et conseiller municipal, Gérard Alle se consacre depuis quinze ans à sa passion de toujours : l’écriture. Pigiste pour divers magazines, romancier, auteur de polars et de livres documentaires sur le monde rural et la Bretagne, il a publié une trentaine d’ouvrages. On peut citer Il faut buter les patates (Le Seuil, puis Locus Solus), Commerces de campagne (Le Télégramme), Les papys féroces, Les jeunes tiennent pas la marée, et la trilogie Lancelot fils de salaud (Coop Breizh), les livres jeunesse La sieste du taureau et Il pleut, il pleut Berbère ! (Locus Solus), le roman noir Memento Mori (In8).
Mon lapin bleu est son premier film en tant que réalisateur, suivi de Hénaff ou le mystère de la petite boîte bleue (Tita Productions – France Télévisions). Après Al lapin a c’haloup bepred, il travaille avec Sylvain Bouttet sur Nous n’irons plus à Varsovie, portrait d’un survivant de l’insurrection du ghetto de Varsovie. Gérard Alle vit à Douarnenez et se raconte magnifiquement tout seul sur son blog ou par la contribution de Jean-Bernard Pouy, écrivain libertaire de romans noirs à succès, membre des Papous dans la tête.
Sacré Yvonne
Sacré Yvonne
FRANCE INTER >>> Yvonne Salaün et l'écrivain de polar Gérard Alle sont les invités du podcast Il existe un endroit.
NÉO >>> Rencontre avec Yvonne, la tenancière du bar Le lapin bleu.
OUEST FRANCE >>> Après avoir tenu pendant 30 ans le petit bistrot de campagne Le lapin bleu, en Pays bigouden, Yvonne Salaün vient de publier un livre du même nom. Un vrai remède à la déprime.
5 janvier 2024 19:49 - Marie-n
extraordinaire cette femmes pleine de beautés intérieures et exterieure!! Merci pour la découverte. Son bar existe toujours?
17 décembre 2023 12:44 - Caudal
51mns de plaisir à écouter et regarder Yvonne la mignonne😉 💜💚, une belle philosophie de la vie,et en ce moment le monde en aurait bien besoin
13 décembre 2023 12:32 - rayé
Une pierre précieuse ! Est elle toujours parmi nous ?
29 octobre 2023 21:49 - SOPHIE G
sublime personnage, merci , on aimerait voir le second film (sous titré en français ? ) en tout cas vraiment merci pour cette tartine (ou ce petit verre) d'humanité
30 septembre 2023 00:19 - Nicolas Soifothèque
Heureux de l'arrivée du documentaire en ligne , un certain échos avec Au Clemenceau de Xavier Gayan, actuellement en salle.
21 juin 2023 11:48 - Anne Boissel
Magnifique , on rêve d'aller au lapin bleu !
Endroit magique , avec la fée Yvonne .
Merci
14 juin 2023 08:10 - Le borgne
On revoit toujours Yvonne avec plaisir.
Un joli film, tellement bien vu, sur cette femme de caractère.
19 mai 2023 19:07 - Nadège
MERCI tout simplement,
pour cette leçon d'humanité !
1 avril 2020 01:06 - Corentin
Whaou ! Quelle claque ! Une vraie bouffée d'air frais. Un reportage quand on voudrait en voir mille autres. Une pause nécessaire pour comprendre et respirer. Le portrait d'une mémé bretonne, philosophe au grand cœur, au plein de milieu du pays bigouden
17 mars 2017 23:05 - Lefort
Génial ! et tellement vrai, tout comme cette charmante Yvonne.
Merci !