Le gouffre
Underground
Gouffres avides, tendez-moi la main… (Alain Bashung)
Quatre ans après sa sortie de la Fémis, le Rennais Vincent Le Port réalise un film ambitieux, une fiction en noir et blanc, inspirée de légendes bretonnes.
Céleste, l’héroïne du film, vit entre deux - entre travail et chômage, entre conscience et ivresse. Elle est céleste et c’est un gouffre qui lui tend la main. La disparition d’une fillette de passage dans le camping où elle travaille la conduit, de fil en aiguille, dans un souterrain hanté par une créature. Une morte vivante ? L’Ankou ?
En racontant cela, Vincent Le Port filme sa terre natale, un Finistère d’une beauté lugubre – bois de chênes verts, blocs de granite sur la grève – nimbée d’une lumière de fin du monde. Le Camping du Soleil où se noue l’intrigue suinte le crachin comme la statue voisine de Saint Hervé, guérisseur des aveugles et des sourds, qui surplombe l’entrée d’un immense souterrain, vaste domaine de nos appréhensions et de nos fantasmes. Là, dans le noir, la lampe frontale de Céleste projette des ombres sur les murs. Qu’évoque donc ce gouffre… une salle de cinéma ?
Une page en partenariat avec le Festival du film de l'Ouest KuB est partenaire du festival et y décerne le Prix du meilleur clip, en partenariat avec le Grand BaZH.art. Organisé par l’association Courts en Betton, le Festival du film de l’Ouest, événement grand public, est une vitrine régionale des talents émergents, et un espace d’accompagnement, de formation et d’information pour les plus jeunes. Le festival promeut la jeune création cinématographique en Bretagne, celle qui entreprend, ose et expérimente, réinvente les moyens de produire un film et renouvelle les démarches d’écriture.
LE GOUFFRE
un film de Vincent Le Port (2016-50')
Finistère nord. Fin octobre. La morte-saison. C’est le dernier jour de travail pour Céleste, gardienne d’un camping en bord de mer. Elle s’apprête à partir quand une enfant disparaît mystérieusement.
Un film produit par STANK
Retour aux sources
par Vincent Le Port
Avec Le Gouffre, j’ai voulu tisser un conte fantastique qui traiterait de notre relation à l’autre, à l’inconnu, à l’étranger. J’ai tenté de recréer l’atmosphère de certaines légendes bretonnes que j’apprécie pour l’importance qu’elles accordent au climat, aux paysages, à l’opposition entre le jour et la nuit, et pour le type de récit qu’elles mettent en place, où le prosaïque se mêle au mystique, où le quotidien vire soudainement au surnaturel. Avec une esthétique simple et épurée, qui peut rappeler certains films des années 40 de Jacques Tourneur, j’ai souhaité donner l’impression d’assister à un mauvais rêve, avec un ancrage temporel indéterminé et une sensation de trouble qui laisse la part belle au mystère et à l’interprétation du spectateur.
VINCENT LE PORT
Né à Rennes en 1986, Vincent Le Port est diplômé de La Fémis en réalisation. En 2012, il cofonde Stank, collectif d’auteurs-réalisateurs au sein duquel il développe et réalise désormais ses films, dont Le Gouffre qui a obtenu le prix Jean Vigo du court métrage en 2016. Il prépare en 2018 deux films : le court métrage expérimental La marche de Paris à Brest et le long métrage de fiction Bruno Reidal.
Dans la brume bretonne
TÉLÉRAMA, Jérémie COUSTON >>> Dès les premières secondes, le trouble est là, auquel on n’échappe pas. Dans un camping de bord de mer, où les clients et les employés sont presque tous partis car l’automne est là, la petite fille d’un couple étranger disparaît. Une jeune fille part à sa recherche... La fin déçoit un peu : c’est que le réalisateur, Vincent Le Port, a négligé la leçon, pourtant essentielle, de Jacques Tourneur, en ce qui concerne le cinéma fantastique : tout suggérer, ne rien montrer... Tout le reste est magnifique : cette photo en noir et blanc, ces plans qui semblent en attente créent une peur indicible et infinie. P.M.
Suivi d'un entretien avec le réalisateur Vincent Le Port.
ACCRÉDS, Erwan DESBOIS >>> Le gouffre transforme un coin ordinaire du bord de mer breton en lieu d’angoisse sourde et fascinante. Le Port réinvente, par la mise en scène, des éléments anodins en agents d’un cinéma fantastique intense. Il fait de même avec des rues désertes entourées par de lourdes bâtisses en pierre, des chemins de forêt arpentés par Céleste se protégeant des éléments – et d’autre chose ? – dans sa grande cape, une statue de saint gardant l’entrée d’un souterrain d’où rien de bon ne semble devoir émerger.
BREF, Olivier PAYAGE >>> On pénètre dans Le Gouffre comme dans une brume ; d’emblée une sensation lancinante, à la fois trouble et cotonneuse, impose au rythme un ralenti. Céleste, qui a travaillé tout l’été au camping de son oncle, est sur le point de partir.
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