Plastique fantastique

Cécile raconte une oeuvre en souriant - Indigènes du 7 ème continent

Véritable fléau environnemental, le plastique est présent partout et pour longtemps. Le résultat le plus spectaculaire de cette pollution est l'apparition dans les océans d'un agrégat de déchets inaltérables grand comme six fois la France et poétiquement baptisé septième continent.

De ce désastre, Cécile Borne fait une œuvre. Au fil du temps, elle collecte sur la côte autour de Douarnenez ce que la mer rejette, tous ces détritus que nous tous léguons à la mer. Partant de ces récoltes, elle construit un récit titré Les indigènes du 7e continent parvenant à dégager du sens, voire de la beauté de l'immonde, manière de canaliser la colère et de considérer notre honte par le filtre de l'ironie.

RENCONTRE

LES INDIGÈNES DU 7e CONTINENT

(2022 - 6’)

Bestia verte, bestia noire, petits secrets et autres casquettes glanées sur les côtes bretonnes. Entrez dans l’univers atypique et sensible de Cécile Borne. Accueillie à Vannes par l’association ArtPont, l’artiste multiforme a exposé ses œuvres créées à partir de ce que la mer nous renvoie. C’est en archéologue de l’abandon qu’elle opère…

INTENTION

Rendre compte, alerter, sensibiliser

par ArtPont

Bestia verte - Indigènes du 7 ème continent

À partir de déchets anthropiques, tissus et plastiques, Cécile Borne questionne les notions de corps, de mémoire et de mouvement. À travers cette archéologie de l’abandon, dans cet arpentage de traces, elle invente de nouvelles visions et met en œuvre les traces de notre époque. Ces traces du vivant qu’elle s’attache à recueillir sur les grèves de Bretagne, elle les fait renaître sous une forme nouvelle.

Les indigènes du 7e continent évoque le tristement fameux septième continent, fait de millions de tonnes de plastique, agglomérat de déchets entrainés et accumulés par les courants, jusqu’à constituer une île dont la superficie dépasse six fois la France. Chaque jour sur nos côtes, il s'en échoue un peu plus. Et l’infatigable Cécile Borne a fini par se rendre à cette évidence qu’il fallait transmettre et rendre compte, alerter, sensibiliser sur la catastrophe en marche.


Les tissus mémoires quant à eux, sont plusieurs compositions qui regroupent des créations plastiques effectuées à partir des matériaux de prédilection de Cécile Borne que sont les tissus échoués. Elle les collecte depuis toujours sur les côtes, pour en faire la matière de ses œuvres.

DANSE

Homoplasticus

Homoplasticus danse - Les indigènes du 7e continent
Homoplasticus danse. Avec Carole Paimpol et Simon Queven

Dans le spectre des domaines auxquels Cécile Borne s’attelle, il y a la danse. Celle-ci est un moyen percutant pour faire passer le message qu’elle porte à travers le projet des Indigènes du 7ème continent. Que se passe-t-il lorsque les habitants de cette contrée plastique viennent à la rencontre des terrestres ? Le temps d’une danse, les homoplasticus ont envahi l’exposition. Bercés par le rythme que l’audience crée, ils se lancent dans une représentation aux airs d’An Dro. De ce projet participatif nait une communion avec le public, les airs de famille entre leurs danses et la tradition bretonne pousse à s’interroger sur qui sont vraiment ces homoplasticus. Sont-ils si différents de nous ? Ces homoplasticus qui dansent, qui jouent et qui déambulent à travers les œuvres de Cécile Borne sont nos frères, nos cousins, nos fils. Les homoplasticus, c’est nous.

BIOGRAPHIE

Cécile Borne

Cécile qui sourit - Indigènes du 7 ème continent

Élevée au bord de la mer, sur les rivages de la Bretagne, Cécile Borne pratique depuis l’enfance la chasse aux trésors. Après des études d’arts plastiques à l’université de la Sorbonne, elle poursuit ses apprentissages en danse contemporaine à Londres et à Paris. Devenue danseuse-interprète, chorégraphe et metteuse en scène au sein de compagnies chorégraphiques, elle sillonne durant 15 ans les scènes internationales. De retour en Bretagne en 2000 elle créé sa Cie, Aziliz Dañs en imaginant et développant un lieu de création unique en son genre, la Grande boutique, à Langonnet,


à la croisée de la danse, des arts plastiques, de la musique et de la vidéo. Elle mène depuis quelques années un travail de mémoire et de création autour des tissus échoués, parcelles d’étoffes venues du large et rejetées par la mer. Ces fragments de tissu deviennent le point de départ d’un développement sensible aux lisières de l’intimité du corps et du tissu social. Ces humbles reliques, ruines muettes, témoignent d’une histoire sans parole. Elles travaillent avec le corps, son absence inscrite en creux. Sous leur assemblage palpite quelque chose qui appartient à la mémoire, quelque chose issu de la chair, une sorte de peau. Cécile Borne invente à partir de l’envers du décor de l’éparpillement, du rebut, d’un détail insignifiant à première vue, de nouvelles visions. Elle fait avancer ses projets avec une transversalité revendiquée qui la conduit également à des créations audiovisuelles, en complicité avec le vidéaste Thierry Salvert, à la mise en scène de spectacles avec la troupe Korriged Is. Elle y questionne les notions de corps, de mémoire et de mouvement. Dans cet arpentage de traces, elle interroge l’humain dépouillé et l’humain social, leurs formes parcellaires, visibles et invisibles. Ces dernières années, Cécile Borne a élargi son champ de recherches aux déchets plastiques présents sur le littoral. Elle présente à partir de ces fragments une fiction ethnographique plastique : Les indigènes du 7e continent. Elle vit actuellement à Douarnenez. Danseuse interprète, chorégraphe, metteure en scène, vidéaste, plasticienne, Cécile Borne a plus d’une corde à son arc et 20 ans d’exposition et de performances artistiques ont contribué à la faire connaître sur tout le territoire breton, mais aussi à Paris et à l’étranger, notamment en Belgique, en Allemagne, au Portugal, au Bénin...

L'ASSO

ArtPont

Cécile et bénévole ArtPont - Indigènes du 7 ème continent

L’association ArtPont, fondée en octobre 2012, présidée par Catherine Lerooy, a pour but de proposer au public la rencontre avec des artistes peu connus localement, au travers d’une manifestation qui allie divers modes d’expression et dont l’accès doit être gratuit, pour toucher des publics les plus larges possibles, avec une grande attention apportée au public scolaire. L’ambition d’ArtPont est de contribuer à élargir le champ de l’offre culturelle et à développer l’éducation aux arts.

REVUE DU WEB

Adieu déchets

RFI >>> Portrait de Cécile Borne, La première chose que l’on voit d’elle, c’est un axe. Cécile n’est pas très grande, mais elle se tient toujours droite. Son rire grave et profond, un rire de gorge, est un curieux mélange de bienveillance absolue et de tranquille circonspection, un papillon de Rorschach où chacun peut venir trouver un éclat de sagesse, la clé de son propre apaisement.

LE TÉLÉGRAMME >>> Quand les déchets deviennent de l’art. En novembre 2021, le château de l’Hermine a accueilli le travail de Cécile Borne. Invitée par l’association ArtPont

OUEST FRANCE >>> 10% de la pollution marine provient des activités de pêche. L’application Fish & Click, développée par des scientifiques de l’Ifremer à Lorient, permet de signaler la présence de ces déchets sur les plages ou dans l’eau. Une collecte de données précieuse pour les scientifiques.

LES ECHOS >>> Nodus Factory veut créer une filière de recyclage des déchets aquacoles. L'entreprise morbihannaise lève 500 000€ en vue de la création de cette nouvelle filière.

COMMENTAIRES

  • 23 mars 2022 13:30 - KERSAUDY Danielle

    Grand dommage j'ai raté cette expo
    Je connais le travail de Cécile depuis longtemps découvert à Douarnenez.

CRÉDITS

avec Cécile Borne et Catherine Lerooy, ArtPont

réalisation Solène Mille, Sacha Ferec, Corentin Robert
entretiens Solène Mille, Corentin Robert

image Corentin Robert, Kilian Jarno

son Sacha Ferec, Solène Mille

montage Corentin Robert

moyens techniques KuB

lieu de tournage Château de l’Hermine, Vannes

Artistes cités sur cette page

Cécile Borne KuB

Cécile Borne

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