Mourir pour des images
MAD nous plonge dans une guerre urbaine, un champ de ruines dans lesquelles des hommes et une femme, Madeleine, tentent de rendre compte de la situation. Press (must) go on, que les preuves de l’origine du mal puissent arriver jusqu’à nos écrans, car derrière ces vidéos de combats se trouvent des aventuriers mus par des convictions, sans papiers, sans ordre de mission.
Sophie Tavert a parfaitement su recréer le climat de chaos d’une ville aux mains des snipers, version contemporaine de la guerre de position, que ce soit à Sarajevo, Alep, Kiev ou Raqqa.
MAD pour Madeleine, raconte l’irruption des femmes dans la folie des conflits, tout en faisant référence au sigle de Mutual Assured Destruction, la doctrine de l’équilibre de la terreur quand se défient deux puissances nucléaires.
MAD
MAD
de Sophie Tavert (2017 - 22’)
Madeleine, journaliste de guerre, est en reportage dans une zone de conflit armé. Un soir, Mazen, un citoyen reporter, fait irruption dans la cache où elle travaille.
>>> un film produit par Les films Grand huit
S’engager et lutter contre l’impuissance
S’engager et lutter contre l’impuissance
par Sophie Tavert
La plupart du temps, je me sens profondément impuissante face aux événements qui secouent le monde et qui parviennent jusqu'à moi via les médias. C'est pourquoi, avec MAD j'ai voulu m'attacher à des personnages qui agissent et qui s'engagent, qui luttent contre l'impuissance. Dans la débâcle d'un conflit armé, la rencontre de Madeleine et Mazen les pousse aux limites de leur engagement journalistique. Mazen se sacrifie pour sauver ses vidéos. Des vidéos auxquelles Madeleine renonce, pour sauver sa vie.
Sous ses airs de film de survie, où il faut se cacher, s'enfuir, se dépasser, MAD est avant tout un film intimiste qui s'attache au duo de personnages que forment Madeleine et Mazen. Ils sont le cœur battant du film.
Leur relation commence par l'affrontement, chacun défendant son point de vue et luttant pour son objectif. Elle bascule ensuite dans l'alliance, chacun puisant alors chez l'autre l'énergie de continuer. Finalement, Madeleine et Mazen partagent le même dilemme intérieur : sauver sa vie ou sauver les vidéos. Leur choix respectif se répondent en miroir, pour révéler ainsi les limites de l'engagement, sa dimension à la fois héroïque, absurde et tragique.
Le motif du duo, la question de l'intime et la dynamique du chaos, qui pousse les êtres dans leurs retranchements, sont centraux dans mon travail. J’aime explorer l'ombre et la lumière de mes personnages. Parce que l'ambivalence, le paradoxe et le contraste sont à mes yeux ce qui nous rend tous profondément humains. Et le cinéma est pour moi l'art de donner corps et de donner vie à ces trajectoires toutes en contrastes.
Le film met également en scène les coulisses d'un événement d'actualité, guerrier et dangereux qui reste volontairement flou, seulement évoqué par quelques détails comme les graffitis en arabe ou le hijab. J'ai fait le choix de me focaliser sur la marge de cet événement. Le film pose ainsi un regard dans des temps creux et dans des espaces aveugles. Il joue aussi avec une certaine mise en abime, au travers des vidéos que les personnages filment des situations qu'ils traversent.
La distance que permet le cinéma, que j'exploite dans le récit et la mise en scène, me semble indispensable dans un contexte médiatique où la question du point de vue est devenue particulièrement sensible.
Sophie Tavert
Sophie Tavert
Sophie Tavert est scénariste et réalisatrice. Son premier film Apparences obtient le Prix du scénario du festival Ciné en herbe. En parallèle de son cursus de cinéma à l’université, elle réalise six films expérimentaux en 16mm et DV. Elle commence une collaboration avec le collectif de scénaristes Prémisses qui l’accompagne dans l’écriture de ses projets.
Son premier film produit, Un amour, est sélectionné dans des festivals prestigieux comme Clermont, Uppsala, etc.
En tant que scénariste, elle co-développe un court métrage d’animation, Traces, avec Hugo Frassetto et Les films du Nord, ainsi que le long-métrage de fiction Children’s Corner, avec Slimane Bounia et Plus de prod. Elle travaille en parallèle sur d’autres projets comme MAD, ou encore animation et prise de vues réelles, spécial TV, long métrage et série. Belladones, son premier long métrage en tant que réalisatrice sortira au printemps 2022.
Guerre de l’information
Guerre de l’information
FRANCE INTER >>> Asma Mhalla, maître de conférence à Sciences Po et Thomas Eydoux, journaliste aux Observateurs de France 24 sont au micro de l’Instant M pour parler de la guerre de l'information entre la Russie et l’Ukraine.
EHNE >>> Les reporters de guerre sont intimement liés à la fois au siècle de la presse et à la guerre moderne, dans leurs dimensions culturelles, sociales, militaires, politiques mais aussi technologiques voire économiques
FRANCE INTER >>> Anna Nivat : Les autorités russes ne parlaient pas de guerre mais de campagne anti-terroriste et tout est là, au fond il me semble… d’où l’intérêt de se rendre sur le terrain.
8 avril 2022 12:47 - Gegot Rosine
Envie de découvrir KUB Et de voir des bons films
4 avril 2022 14:55 - robert Jean-luc
super film
7 mars 2022 18:44 - Maggiani
Bonjour à la KUB
J’ai découvert votre existence depuis quelques mois seulement par l’intermédiaire d’un couple de cinéastes nantais et je souhaitais vous faire part de mon admiration pour votre travail au regard des propositions que vous faites.
Il y a à la fois dans ces offres la qualité mais aussi la singularité et dès lors il n’y a rien à demander de plus, ou bien une petite chose car j’ai informé des amis « bretons » de votre existence et ils sont ravis aujourd’hui mais étonnés de ne pas vous avoir découvert avant tandis que moi-même ne vis pas dans votre belle région.