Melaine Favennec, les belles embarquées
Le sujet c’est la peinture, tant celle du film de François Catonné que celle du tableau que Melaine Favennec exécute sous nos yeux. Les valeurs, les couleurs… le silence à faire en soi pour se lancer, échapper au carcan de la figuration, que la lumière sorte de la peinture. Ainsi s’énonce le programme des deux protagonistes de ce film.
Tout est faux dit l’artiste. Comprendre qu’il s’agit-là d’une peinture libre, instinctive. La peinture j’y connais rien, j’en ai vu mais je n’ai pas appris. Peindre toujours un peu la même chose, mais pas toujours de la même manière. Une barque en l’occurrence, le plus simple appareil de navigation, pour des balades imaginaires. Une barque noir coaltar (la peinture bitumeuse dont étaient enduites les coques des bateaux), un noir melaine, le prénom de Favennec qui dit la mélancolie. Celle de l’enfance ? La peinture, c’est très intéressant, c’est très important mais ce n’est pas grave. Paroles d'un homme qui sait s’approcher des gouffres avides sans céder au désespoir.
MELAINE FAVENNEC, LES BELLES EMBARQUÉES
MELAINE FAVENNEC, LES BELLES EMBARQUÉES
de François Catonné (2019 - 26’)
Melaine Favennec est peintre, mais c’est d’abord un chanteur, breton. Je suis un barde qui peint, dit il.
Sans jamais quitter l’atelier, jour après jour, nous le voyons travailler une toile, un seul tableau, un seul sujet depuis la toile vierge jusqu’à l’œuvre finie. Tandis qu'il peint, Melaine se raconte et raconte son travail comme s'il dialoguait avec lui-même, sans commentaire, sans questions du réalisateur. L'homme qui réfléchit à voix haute sur la création, la sienne, celle des autres et la relation qu’il tisse entre sa peinture et sa musique.… Melaine peint habituellement chez lui des petits formats, les seuls qu’il ait la place de faire. L'atelier dans lequel se déroule le film, c’est celui du peintre Jacques Godin qu'il utilise chaque fois qu’il veut faire un grand format. Ce film est une aventure partagée entre un peintre et un cinéaste, un tête à tête d’une semaine dans l’intimité de la création et le silence du cinéaste qui protège cette intimité. Melaine Favennec est aussi un poète, c’est pourquoi des cartons scandent le film en citant régulièrement des paroles de ses chansons, comme dans le cinéma muet.
>>> un film produit par ThePROD
Une intimité partagée
Une intimité partagée
par François Catonné
Il y quelques années, il existait sur Arte une émission régulière, Le journal de la création, où l’on voyait des artistes au travail. On les retrouvait parfois à quelques semaines de distance, poursuivant la même œuvre. On voyait leur travail évoluer, les effets prendre forme. Le spectateur partageait leurs difficultés, leurs espoirs, leurs réussites. J'ai eu envie de faire de même. J'ai choisi Melaine Favennec, un ami, qui m’a laissé le filmer dans son atelier, aussi bien dans les bons moments du travail que dans les moments difficiles, dans une intimité partagée. Et il y a tant de questions en commun entre le directeur de la photo que je suis et le peintre : le sombre, le clair, la lumière, la couleur, le contraste, la composition…
Filmer un peintre c’est toujours une intrusion, il faut donc que la caméra s’adapte au peintre dans le silence et la discrétion. Je filme seul, je passe des heures dans l'atelier, derrière l'épaule du peintre. Je ne lui demande pas de peindre pour la caméra, je veux qu’il soit libre, qu’il travaille comme il le veut et être le témoin de ce moment-là. Filmer la vie dans l’atelier, au travail et pas seulement l’entendre faire un discours sur la peinture. L’atelier est éclairé par la lumière naturelle venant de deux côtés, je n’ai pas besoin d’installation de lumière artificielle. Un entretien en fin de tournage est filmé en noir et blanc pour séparer clairement le peintre au travail de l’entretien face caméra.
Melaine Favennec
Melaine Favennec
Ce drôle de Breton dessiné par son copain François Bourgeon dans le tome 2 de la bande-dessinée Les compagnons du crépuscule, chante et met en musique de merveilleux textes qui font désormais partie des classiques que la Bretagne a produit ces dernières années. Étrange voyageur bercé par les chants et airs traditionnels, il chante la superbe et moqueuse Bretagne, la mélancolie du bourlingueur, joue du violon, de la bombarde et de la cornemuse, instruments qu’il a appris dès son plus jeune âge à Quimperlé.
Prix de la SACEM, Grand Prix de l’Académie Charles Cros, Melaine Favennec a signé onze albums et de nombreuses tournées à travers la France, contribuant au renouveau de la musique traditionnelle bretonne en le métissant au folk, blues et même aux orchestres philharmoniques !
Acteur de théâtre, auteur de musique pour le théâtre, il participe à la création et à la présentation de plusieurs spectacles, apparaît au cinéma et enfin, en artiste complet, il peint et dessine.
Source : Festival Étonnants voyageurs
François Catonné
François Catonné
François Catonné est né et vit à Paris. Il a fait la plus grande partie de sa carrière comme directeur de la photo de longs métrages, documentaires et films publicitaires.
Assistant opérateur pendant neuf ans, il a ensuite été directeur de la photo pour Robert Enrico, Bertrand Blier ou encore Régis Wargnier avec qui il a gagné le César de la meilleure photographie pour Indochine en 1993. Depuis 2011, François Catonné réalise des films sur des peintres au travail dans leur atelier.
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Un barde qui peint
Un barde qui peint
FRANCE 3 >>> Melaine Favennec empoigne les textes de Max Jacob avec son talent de folk singer et transforme ses poèmes en chansons: des ballades folk rock, des blues celtes où zigzaguent entre les lignes Dylan Thomas, Donovan, Lennon et bien-sûr Bob Dylan.
L'OUEST EN MÉMOIRE >>> Jacques Paugam discute avec le poète compositeur interprète Melaine Favennec du personnage représentant ce dernier dans Les Passagers du vent, la bande dessinée de François Bourgeon. Puis Melaine Favennec interprète Au secret déluge.
NOS ENCHANTEURS >>> Le trio de vieux copains EDF pour Ewen, Delahaye et Favennec sont des enchanteurs qui participent de belle façon à l’écriture de la tradition bretonne, celle qui se vit et se prolonge, s’amplifie aujourd’hui. Et crée de tout son soûl. On n’a pas fini de chanter dans l’ouest !
22 novembre 2021 18:28 - FAVENNEC Melaine
Je ne regarde pas ce film en permanence mais j’en garde les images dont je suis toujours fier
29 mars 2021 00:13 - arnaud Choutet
Quand la peinture s'éclaire par les mots de son créateur, elle prend davantage de vigueur...
6 décembre 2020 18:25 - FavennecMelaine
depuis que certains collectionneurs ont vu ce film, ils ont mieux compris ce qu'ils ressentent devant mes toiles.
10 novembre 2020 17:49 - Melaine
Très bon
6 novembre 2020 14:15 - Giboire
Très bon