Balance ta burqa
17/11/2025
Femmes afghanes, femmes iraniennes, même combat, celui des idéologues talibans et autres théocrates qui estiment que les femmes sont des corruptrices de l’âme, qu’elles ne sont jamais assez soumises, et que la voie du plaisir sexuel leur est strictement interdite.
Le retour au pouvoir des Talibans en 2021 a été suivi de près par le retour de la burqa – sorte de camisole vestimentaire dissimulant intégralement le corps féminin – dans l’espace public, comme une obligation stricte, le pire étant promis aux contrevenantes.
De cette situation, Pierre Larribe tire un beau court métrage où il entre dans la peau d’une nageuse afghane qui se prépare aux JO de 2024 à Paris. Elle se heurte soudain à un mur derrière lequel les hommes dévoilent leur nature profonde. Fiction allégorique, Paris 2024 touche la corde sensible, la natation étant la discipline qui dévoile le corps, sa sensualité, sa liberté et l’eau étant vecteur de vie mais aussi de trépas.
PARIS 2024
PARIS 2024
de Pierre Larribe (2022 - 7’)
Dans les couloirs de nage d’une piscine, une nageuse s’entraîne. Ses mouvements sont puissants, rythmés, millimétrés. Elle n’a qu’une chose en tête : les prochains Jeux olympiques. Mais le brutal changement de gouvernement dans son pays vient perturber sa vie : elle doit couvrir son corps, elle ne peut plus sortir seule de chez elle. Alors s’entraîner, n’y pensons pas ! Ces Jeux olympiques, qui lui paraissaient si proches, lui semblent désormais inatteignables.
>>> un film produit par Pierre Larribe
Récompenses :
39 sélections et 10 prix en festival dont :
Prix du Jury au festival A Bout de Courts 2024
Prix de la meilleure Direction Artistique au FICA 2024 (Argentine)
Prix de la Mise en Scène au Festival Histoires de Femmes 2023
Prix du public au Boundless Film Festival (UK)
Prix du jury au Tuzla Film Festival 2022 (Bosnie)
Prix du jury au festival Voir un petit court 2022
Un douloureux témoignage
Un douloureux témoignage
par Pierre Larribe
Je ne peux pas m’y faire sont les mots de Reihane, 18 ans, membre de l’équipe nationale de cyclisme afghane. Après la prise de pouvoir des Talibans en Afghanistan le 15 août 2021, la vie de tout un pays a été chamboulée, malmenée, mais certains sont plus à plaindre que d’autres, surtout certaines. J’ai entendu sur France Inter ce douloureux témoignage, comme un appel à l’aide, un cri d’angoisse : Physiquement, je vais bien. Mais psychologiquement, je suis détruite. C'est impossible de s'habituer à ça ! J’ai été touché par l'histoire de cette femme et j’ai voulu la porter à l’écran. Comment vivre après un tel retour en arrière ? Après les promesses, les espoirs, l’investissement de la communauté internationale ? Il n’a suffi que de quelques jours pour que le pays tombe à nouveau dans l’enfer du diktat religieux et politique.
C’est à travers le sport que j’ai souhaité parler de la liberté amputée des jeunes Afghanes, avec notamment le port du voile obligatoire. En quelques jours, elles ont perdu toutes leurs libertés. La pratique du sport étant désormais interdite à toutes les femmes d'Afghanistan, leur espoir de participer aux Jeux olympiques s’envole. En parallèle, nous entendons parler chez nous des constructions en cours pour les prochains Jeux, des premières pierres posées...
Le film jongle entre réalité et onirisme. J’ai voulu symboliser le poids de la religion en la représentant par le tissu noir, emblématique des burqas. Dans la première séquence, le tissu s’accroche à la jambe de la jeune femme et l’empêche de nager, l’entraîne au fond de l’eau, la noie presque. Dans la dernière séquence, elle accepte de porter les habits imposés mais, en signe de protestation, elle met ses lunettes de natation, comme un acte de résistance qui dit Vous m’avez tout pris, mais vous n’aurez pas mes rêves.
Pierre Larribe
Pierre Larribe
Pierre Larribe a réalisé plusieurs courts métrages de fiction, tel que Monsieur Verdier, La Chose, Ton père mon héros, Je suis meilleur que l'ancien, ou encore La Chasse aux trésors. En 2022, il réalise Paris 2024, sélectionné et nominé plusieurs fois en festivals en France et à l’international. Pierre Larribe est également monteur et chef-opérateur. Il a coécrit et fait l’image sur le premier long métrage de Jean-Marc Culiersi, Derniers remords avant l’oubli sorti en 2018. Puis il a assisté Temístocles López sur son documentaire Combate, qui raconte la crise sociale et politique au Vénézuela, et qui devrait bientôt voir le jour.
Il est actuellement en développement d’un long métrage documentaire sur les forêts françaises et la biodiversité. Une fiction sur des militants écologistes dans les forêts françaises est également en préparation.
Pierre Larribe vit aujourd’hui entre l’Île-aux-Moines et Douarnenez.
Victimes des Talibans
Victimes des Talibans
FRANCE INFO >>> L'étau ne cesse de se resserrer autour des femmes en Afghanistan. Parmi les restrictions figurent notamment l'encadrement des apparitions publiques et l'éloignement des sphères éducatives et politiques.
FRANCE INTER >>> Les handballeuses de l’équipe afghane ont fui leur pays à l’arrivée des Talibans et tentent aujourd’hui de se reconstruire en France, où elles ont été accueillies.
LE PARISIEN >>> Le Comité international olympique menace de retirer l’Afghanistan des prochains JO si les Talibans persistent à interdire la pratique sportive pour les femmes.
RADIO FRANCE >>> Les Talibans veulent les réduire au silence. Pourtant, en Afghanistan, une radio continue d'émettre à destination des jeunes femmes. Son nom : Radio Begum, reines en persan, qui émet en FM dans 10 des 34 provinces du pays.
31 juillet 2024 18:04 - MARTIN
Ce court métrage soulève des questions essentielles. Entre la folie et la grande sagesse, l'interprétation religieuse amène aussi à des situations de souffrance et à des "adaptations" pour tenter de sortir d'un manque de respect absolu de la personne humaine, en particulier, ici de la femme, qui va à contresens de la spiritualité respectueuse.
18 juin 2024 13:38 - Christiane M.
Superbe... et si tragique.
17 mars 2024 09:16 - A
Un chagrin effroyable , toutes ses femmes emmurées , tellement vivantes !
Désolation et colère .
A.
19 septembre 2023 20:49 - Deshayes Hervé
Étant imprimer par leur religion dés la naissance, ils ne peuvent comprendre un
autre point de vue, un autre regard sur
les relations du religieux. Dommage Ils restent dans un immobilisme !