Vigile
Qui vive est un film avec un des acteurs les plus marquant de sa génération : Reda Kateb. Il y déploie toutes les facettes de son jeu, tout en intériorité, en tant qu'infirmier en formation obligé de gagner sa croûte en tant que vigile. Tourné dans les banlieues rennaises et nantaises, le film explore les lignes de fracture sociale dans un centre commercial. Lui même marche sur un fil, entre son désir de réussite et son milieu d'origine, avec des potes, dont certains sont tombés dans la délinquance. La réalisatrice Marianne Tardieu met en situation cette invisible frontière entre clients et voleurs, intégration et chaos, frontière sur laquelle le héros patrouille, au risque de tomber du mauvais côté.
Mais il arrive que le visage de l'acteur s'illumine, face à une actrice, remarquable elle-aussi, Adèle Exarchopoulos qui offre au héros une échappatoire.
QUI VIVE
QUI VIVE
de Marianne Tardieu (2014 - 80’)
Retourné vivre chez ses parents, Chérif, la trentaine, peine à décrocher le concours d’infirmier. En attendant, il travaille comme vigile dans un centre commercial. Face au harcèlement quotidien d’une bande d’adolescents désœuvrés, il cède aux demandes répétées d’un petit malfrat qu’il rencarde sur les livraisons du magasin.
En l’espace d’une nuit, la vie de Chérif bascule...
>>> un film produit par Céline Maugis - La Vie est Belle, Christophe Delsaux - Oriflamme films
Un homme qui cherche sa place
Un homme qui cherche sa place
par Marianne Tardieu
J’avais depuis longtemps le personnage de Chérif en tête, charmant, séduisant et séducteur, drôle, mais aussi secret, tendu, inquiet de rater sa vie. Il est proche de moi par cet idéal pour lequel il se bat, par sa peur de ne pas y arriver. Je voulais aussi raconter un monde qui m’est proche : la grande banlieue, la défiance envers les jeunes de ces quartiers et la tension sociale qu’on y trouve. La présence grandissante d'agents de sécurité privés témoigne d’une société repliée sur elle-même : on place un vigile là où il y a une tension, laissant donc la tension et lui laissant le soin de la gérer, dans son corps, jour après jour. C’est ce que va découvrir Chérif, nouveau venu dans le métier.
L’enjeu était de décrire la vie de la cité, sans me mettre en surplomb par rapport aux personnages, de faire coexister des points de vue différents et construire des personnages complexes. Chérif d’abord, magnifiquement porté par Reda Kateb : son visage, son allure, la couleur de ses yeux, sa voix même, suivent les différents états de Chérif, ses épreuves, ses joies, ses doutes. Avec lui, le film découvre différentes facettes du personnage, qui peu à peu forment un tout, complexe, intriguant, en même temps que la tension monte.
Adèle Exarchopoulos a donné à Jenny sa vivacité et sa force, sa beauté aussi, rendant la relation entre Chérif et Jenny immédiatement crédible et belle.
J’avais envie d’un film sombre et lumineux, énergique, contrasté, avec des éclats d’enfance, les films de Jenny, les enfants du bus, les sourires francs de Reda et d’Adèle, l’amitié avec Moussa.
Le film doit sa tension au fait qu’il a été tourné dans une urgence, avec une équipe de techniciens concentrés avec moi dans le même élan de cinéma. On a filmé sans se retourner, sans avoir le temps de se remettre en question, ce qui est à la fois une force et une limite, porté par l’énergie de l’équipe et la vitalité, la beauté des comédiens, Reda Kateb en tête. Nous avions peu de matière au montage, miraculeusement pas trop de déchet. L’arrivée de la musique de Sayem à la fin du montage image est venue donner du souffle, de l’air, au film.
L’écriture et le tournage du film ont été pensés avec la simplicité et la franchise de certains films noirs, comme ceux de Nicholas Ray, mais j’avais aussi en tête, car ils ont été à l’origine de mon envie de cinéma, les films de Claire Denis, Philippe Garrel, Jean Renoir et Accatone de Pier Paolo Pasolini.
Marianne Tardieu
Marianne Tardieu
Marianne Tardieu est née en 1976 à Lyon. Après des études de philosophie, elle a appris les métiers de l’image à l’école Louis Lumière. Elle travaille ensuite comme assistante caméra puis comme chef-opératrice notamment sur Rue des cités et 200%, deux longs métrages sortis en 2013, mais aussi sur des documentaires et des films d’artistes.
Elle a participé à l’écriture de trois films courts, dont Tremblay en France de Vincent Vizioz, Grand prix au festival de Clermont-Ferrand en 2011.
En 2007, elle co-réalise un moyen métrage Les gueules noires, portrait d’un groupe de punk-rock sur le retour, qui a été diffusé par Arte.
Qui vive est son premier long métrage.
Reda Kateb
Reda Kateb
Né en 1977 à Ivry-sur-Seine, Reda Kateb commence très tôt sa carrière de comédien grâce à son père, acteur et homme de théâtre. Nourri aussi bien par le jeu d’acteur de Jean Gabin que la littérature de Kateb Yacine, Reda Kateb multiplie les expériences dans le milieu du spectacle. En 2008, il incarne un chef de gang dans la série télévisée Engrenages. Un prophète de Jacques Audiard signe sa première apparition au cinéma. En 2009, son rôle dans Qu’un seul tienne et les autres suivront de Léa Fehner lui offre un succès critique.
Il enchaîne ensuite plusieurs tournages dans lesquels il interprète des rôles variés : un terroriste d’Al-Qaïda dans le film américain Zero Dark Thirty ou un caïd dans la série Mafiosa, avant de s’éloigner de ce type de représentations sur des films comme Les Garçons et Guillaume, à table ! de Guillaume Gallienne, où il incarne un homme homosexuel, ou un interne en médecine dans Hippocrate. En 2018, il reçoit le César du meilleur acteur pour son rôle dans Django d’Étienne Comar.
Adèle Exarchopoulos
Adèle Exarchopoulos
Née en 1993 à Paris, Adèle Exarchopoulos développe un intérêt pour le théâtre dès son plus jeune âge. Ainsi sa scolarité est jalonnée par la pratique de l’improvisation théâtrale et les castings. En 2005, elle obtient son premier rôle dans Martha, moyen métrage de Jean-Charles Hue tourné en Bretagne. Elle débute à la télévision sur la série RIS Police scientifique en 2006. Le succès de La Vie d’Adèle d’Abdellatif Kechiche lui apporte une reconnaissance mondiale et lui permet de remporter la Palme d’or du Festival de Cannes, aux côtés du réalisateur et de sa partenaire Léa Seydoux.
Son talent est confirmé dans Qui vive de Marianne Tardieu, drame où elle donne la réplique à Reda Kateb, ou dans Orpheline d’Arnaud des Pallières, avec Adèle Haenel. Dans le thriller très remarqué Sibyl, elle incarne une actrice devenue l’obsession de sa psy, jouée par Virginie Efira.
Un cinéma soucieux de réalisme social
Un cinéma soucieux de réalisme social
FRANCE 3 BRETAGNE >>> C'est un personnage un peu à la frontière entre deux âges, la vie d'un adolescent et la vie d'adulte, nous explique Reda Kateb.
MÉDIAPART >>> Dès le début, j’avais le désir de parler des cités ou de la grande banlieue de province, excluant la banlieue parisienne ou même lyonnaise, dit Marianne Tardieu.
TÉLÉRAMA >>> Marianne Tardieu confie : Il m'a fallu cinq ans de travail, à peaufiner un scénario à la virgule près et je n'ai eu que vingt-cinq jours de tournage, trop peu pour prendre du recul, pour essayer des choses différentes.
LIBÉRATION >>> La pauvreté et la détresse de l'expression film de banlieue ne suffisent pas à le décrire, même si c'est autour de cette question sociologique que Qui vive est construit.
TÉLÉRAMA >>> Reda Kated : Il y a quelques années, quand je passais des castings, on cherchait des gens plus lisses.
5 mai 2021 17:47 - Pignon Nicolas
Découvrir le flm
23 avril 2021 12:58 - Matheron Jean Luc
Très bon film , vu en son temps au festival de La Rochelle il me semble ( nostalgie !), je le reverrai avec plaisir et le ferai découvrir