Trash
Alors que le Frac Bretagne accueille une expo rétrospective du photographe britannique Martin Parr, KuB focalise sur une série réalisée au début des années 80 sur une plage d'Angleterre. Pendant trois ans, Parr s’est glissé parmi les vacanciers à New Brighton. Le thatchérisme atteint sa vitesse de croisière, la société de consommation bat son plein, le titre de la série - The Last Resort - évoque à la fois le bord de mer comme dernier recours contre la sinistrose, et New Brighton comme L'ultime station balnéaire.
Début de la fin ?
PARRATHON
PARRATHON
au FRAC de Bretagne
Première rétrospective en France depuis plus de quinze ans, l’expo Martin Parr à Rennes retrace quarante ans de clichés photographiques à travers quatorze séries. Près de 500 images, pleines de dérision et d’ironie, pour une course de fond à la sauce Parr qui balade le visiteur des espaces du FRAC Bretagne aux jardins du Thabor.
Martin Parr fait partie des photographes les plus célèbres au monde, reconnaissable à ses motifs étranges, ses couleurs criardes et ses perspectives peu orthodoxes, il est le chroniqueur de notre temps d’après Thomas Weski, son biographe. Du milieu des années 1970 à aujourd’hui, il a produit une fresque de la société occidentale, résolument problématisée en termes sociaux. S'il a principalement saisi ses compatriotes anglais et irlandais, sa vision de l'homme occidental façonné par des modes de consommation de classe, les vicissitudes politiques et les aléas économiques, est universelle.
The Last Resort
The Last Resort
Dans la série The Last Resort (1983-85), Martin Parr saisit, derrière des scènes de plaisirs simples - des vacanciers au bord de mer - une catastrophe qui sourd. Les humains s’entassent au soleil et semblent ventousés à leur canette ou leur machine à sous sans l’ombre d’une satisfaction, des monceaux d’ordures jonchent le sol, les bébés pullulent sans joie. L'on se prend pourtant à sourire devant ce désastre. C’est le regard et le sens de la composition de Parr qui révèlent la dimension cocasse de cette humanité à la dérive : la mer se fait égout, les personnages sont sonnés, le paradis est définitivement perdu. Avec méthode, il cadre les stigmates de la société de consommation : poubelles, junk food, poussettes, chiens... tous dans la même galère. Des corps sans désir sont exposés à la vue et au soleil, soumis au besoin compulsif d'avaler quelque chose. Nouveaux nés, géniteurs et patriarches : les générations cohabitent comme les animaux d’une ferme industrielle.
Voici une sélection de quinze photographies issues de cette série, crue, cruelle, et émouvante.
Martin Parr
Martin Parr
par Thomas Weski, biographe de l’artiste
Les photos pleines de subjectivité de Martin Parr sont un vent de fraîcheur sur une scène médiatique submergée par un flot incessant d’images. Contre ces images martelées, qu’il appelle caustiquement propagande, Martin Parr fait appel aux couleurs criardes, au grotesque mais surtout à la critique, la séduction et l’humour.
Les images de Martin Parr ne sont pas qu’un rafraîchissant divertissement. Le photographe britannique est un véritable chroniqueur de notre temps et son objectif, le reflet de nos modes de vie. Loisirs, consommation et communication sont ses thèmes de prédilection.
Le photographe a capturé lors de ses voyages toutes les contradictions de notre société globalisée tout en chérissant les excentricités.
Saisir les situations grotesques
Saisir les situations grotesques
FRANCE CULTURE >>> Il y a du bon goût, du mauvais et j'essaie de mélanger les deux dans mon travail photographique. Martin Parr interrogé par Guillaume Erner dans les Matins.
FRANCE INFO >>> La question des classes sociales et de la hiérarchie est primordiale chez Martin Parr, explique Étienne Bernard, le directeur du Frac. En effet, chaque série photographique proposée aux yeux des visiteurs dévoile le quotidien d'une catégorie précise de la population.
ARTE >>> C'est avec la série en couleurs The Last Resort que Martin Parr se fait un nom dans la photographie. Son regard reconnaissable entre tous doit beaucoup au nord de l'Angleterre, ses villes ouvrières et son littoral décati. Retour sur ses début dans les années 70 et 80.
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