À la plage
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À LA PLAGE
sculptures de Richard Bois (2016 – 10’)
à la plage : fragile et essentiel
un texte de Sophie Lecomte issu du site que Richard Bois dédie à son travail de sculpteur sur sable
Long croissant de sable fin, l’anse du Stole se creuse doucement face à Groix. Déposée par les marées, la laisse de mer y étire à dessein un ruban d’algues, ce long sourire du mariage de la terre et de l’océan. Là, affleurent quelques scènes de la vie ordinaire : à la plage.
La sculpture de Richard Bois est toute de courbes et de sensualité. La souplesse d’une hanche, la courbure d’une épaule, l’enlacé d’un bras, l’arrondi d’une fesse, l’étirement d’un dos, donnent au grain fin du sable, la douceur d’un grain de peau.La sculpture en appelle alors à la caresse. Caresses du regard, de ces corps allongés au repos d’un sommeil, d’une lecture, d’un abandon amoureux, ou encore, tendus de ces différents qui érigent conflits et solitudes. Le dessin des corps, des entrelacs aux séparations, est à la fois plein, généreux, voluptueux et infiniment fragile. Des bonheurs simples aux désespérances à fleur de peau, des abandons sereins aux dos tournés, le plein de la ronde bosse parfois se fissure.
La faille est sous-jacente. Elle sous-tend la forme, lui intime présence et puissance. Les petites saynètes de plage de l’artiste, en apparence anodines parce que faites de nos petits riens, touchent à notre réalité profonde : notre fragilité. Celle qui nous fait aller à l’autre, être ému par l’autre et être touché par la part d’inconnu qu’il révèle en nous-même.
La lectrice a posé son livre à côté d’elle et s’est assoupie. Les enfants poursuivent leur lutte existentielle autour d’un ballon. Les amoureux se donnent, lorsque d’autres se détournent un instant. Le vent et la pluie creusent les pleins et les failles de la sculpture comme la vie nous façonne. À la plage et n’être que grain de sable roulés par les océans, envolés par les vents, fondus par les pluies.
Tout est fragile ici, tout aussi essentiel.
HOMMAGE À REN HANG
Ren Hang, 2015 Ren Hang, 2012 Ren Hang, 2013 Ren Hang, 2014 Quelques semaines après le suicide du jeune poète et photographe chinois Ren Hang, un plasticien sculpte ses images dans le sable, à 8 500 km de là, dans une anse face à l’île de Groix. Photographier des corps nus dans une dictature est une provocation. Les dresser en trois dimensions, ici en Bretagne, face à la mer qui viendra bientôt les dissoudre, est une expérience esthétique fascinante. La mise en résonnance des deux gestes est un témoignage poignant d’humanité.
Le Figaro >>> Le jeune photographe prodige chinois qui a ébloui Photo London, Paris Photo, Taschen et le Foam Museum d'Amsterdam s'est suicidé à 29 ans. Un artiste qui avait fait de la provocation une arme poétique. Le choc dans le monde de l'art est à la mesure de sa folle liberté.
Le Monde >>> Né le 30 mars 1987 à Changchun, province de Jilin, au nord-est du pays, d’un père cheminot et d’une mère ouvrière, Ren Hang n’a pas étudié la photographie mais le marketing à l’université. Trouvant ses études ennuyeuses, il s’est mis à photographier ses amis de dortoir dans des mises en scène improvisées.
Libération >>> Depuis quelques années, ses photographies étaient apparues comme des météorites, brûlant les pages des magazines et les blogs, explosant les frontières de la Chine, se disséminant dans le monde avec fougue, enflammant tout sur leur passage par leur érotisme élégant, séduisant et cru. Elles étaient reconnaissables entre mille. Ren Hang a inventé un style, celui de la jeunesse chinoise nouvelle, libre et insoumise.BIOGRAPHIERICHARD BOIS
Richard Bois est un artiste plasticien qui réalise des sculptures de sable depuis toujours. Réalisateur de courts-métrages expérimentaux, il monte l'image de plusieurs numéros des Brûlures de l’Histoire, mais également de documentaires et téléfilms dont il fait aussi la musique. Richard Bois signe ensuite comme réalisateur, pour France Télévisions notamment, Au milieu de l’orchestre, Zicocratie et Le nid des Phoenix. Ayant passé ses vacances en Bretagne pendant des années, dans la maison de son grand-père, il s’intéresse à la culture maritime depuis le plus jeune âge. Il a réalisé diverses séries photographiques de paysages bretons autour de Plœmeur et sur la frégate De Grasse de la marine nationale. Après une enfance en Afrique (Ouganda/Mali/Rwanda/Burundi), une période parisienne, il est venu s’installer à Lorient en 2013.
POSITIVR >>> Petit, à la plage, Richard Bois faisait comme tous les gamins de son âge : des châteaux de sable et des circuits de billes. Sauf que, lui, il ne s’est jamais vraiment arrêté. Devenu réalisateur de documentaires, il continue à donner au sable la forme de ce que lui inspire son imagination : des mains, des corps, des personnages, des scènes loufoques, d’autres étranges, certaines teintées d’érotisme…Demotivateur >>> Il n'y a pas que sur les plages de Copacabana que l'on peut admirer d'impressionnantes sculptures de sable, plus vraies que nature. En Bretagne, Richard Bois s'adonne lui aussi à cette forme d'art éphémère. Ses sujets de prédilection : des mains géantes, qui ne sont pas sans rappeler les sculptures de Rodin, mais également des corps nus, enlacés et dans diverses postures.
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