Treizhourien / Les passeurs
Korriged Is
Que retenir de la tradition ? Comment se l’approprier dans le présent ? Longtemps, les Korriged Is ont fait comme les autres cercles celtiques : du folklore. Des danseurs tirés à quatre épingles dans un costume embaumé de naphtaline, reproduisant inéluctablement les mêmes gestes, au risque de ne plus les habiter. Au tournant du siècle, à Douarnenez, les Korriged Is ont choisi de casser la routine, et de réinvestir la tradition, de la réinventer.
TREIZHOURIEN / LES PASSEURS
TREIZHOURIEN / LES PASSEURS
un documentaire de Thierry Salvert et Kenan an Habask (2016-52')
C'est un cercle celtique pas tout à fait comme les autres. Les Korriged Is de Douarnenez ont abandonné le costume breton pour se lancer dans la création contemporaine. En 2016, ils se lancent dans un nouveau spectacle avec huit grandes voix de Bretagne. Vingt chanteurs et danseurs s'expriment sur le même plateau dans un même mouvement. Suivis tout au long du processus de création, les danseurs et les chanteurs se posent la question de la transmission. Parmi eux, la chanteuse Annie Ebrel a appris le chant au contact des anciens de la campagne bretonne dès son plus jeune âge ; pour la chorégraphe Cécile Borne, la transmission se trouve surtout sur scène, par les gestes, les postures, les rythmes ou les mouvements de chacun, qui provoquent une réaction des autres danseurs - une transmission physique qu'elle a appris aux danseurs et qui demande d'être pleinement concentré, à recevoir des autres et à transmettre à son tour.
>>> un film produit par, Laurence Ansquer, Tita Productions
LA MÉMOIRE ET L'IMAGINAIRE
LA MÉMOIRE ET L'IMAGINAIRE
Dans cette troupe joyeuse de danseurs, l’on est accepté tel que l'on est, quel que soit son âge, sa taille, sa corpulence ou le temps que l'on peut consacrer au projet. Les Korriged Is assument l'esprit douarneniste, libre, frondeur, jouant du renversement des valeurs, revendicatif et engagé. Porté haut et fort par Gildas Sergent, marin cuisinier et activiste culturel, le cercle a trouvé un équilibre, fragile, entre l'exigence de la création et la pratique amateur. Novateur, il s'est affranchi des contraintes des concours et n'a pas peur de prendre le risque de la création contemporaine. Avec Treizhourien, il s'autorise un voyage vers l'inconnu avec la chorégraphe Cécile Borne qui depuis son retour en Bretagne mène, avec sa compagnie Aziliz Dañs, un travail de recherche autour de créations où se mélangent, se questionnent, danse traditionnelle et danse contemporaine.
Le film retrace le processus de création d’une chorégraphie non écrite à l’avance, qui se compose au fur et à mesure des répétitions ; c'est par une succession de gestes, de mouvements, de déplacements, de relais d'un danseur à l'autre que le spectacle prend forme. Une danse où tout est possible, sans écriture, sans narration, non illustrative et qui laisse une grande place à l'improvisation et à l'imaginaire, qui joue sur le rapport à l'espace, à l'énergie et aux autres.
C'est cette confrontation avec la danse traditionnelle qui fait la singularité de Treizhourien, une danse qui vient de la terre, ancrée dans le sol, une danse de groupe, du collectif, qui détient une force de concentration et d'énergie - en opposition à la danse contemporaine qui valorise l'ego, le moi, le solo. Une danse qui cherche à s'affranchir de la pesanteur, contrairement à la danse bretonne, ancrée au sol.
Enfin, le spectacle est a cappella, du chanteur isolé à la troupe entonnant le refrain en chœur. Une nouveauté de plus, le chant choral ne faisant pas partie des pratiques du chant en Bretagne. De la même manière, intégrer les chanteurs sur le plateau et à la chorégraphie, leur permettre d'être en mouvement, leur donne une nouvelle dimension.
TREIZOUR
TREIZOUR
Un corps qui oscille, un homme qui regarde en arrière pour avancer, une main qui dessine l’infini, cet homme c’est le Treizour, le passeur ; ce geste qui se transmet de la main au corps tout entier, c’est le geste du godilleur, un mouvement perpétuel qui emmène les hommes à leur embarcation, à l’inconnu, puis les ramène en sécurité au port.
Avancer, c’est aussi regarder en arrière. Un fil qui nous est transmis, qui forme la trame que la navette vient étoffer d’un nouveau geste, d’une nouvelle couleur, génération après génération, jour après jour, intégrant rencontres et traditions dans un tissage libre, singulier et toujours mouvant. Deux trajectoires en apparence inverses se croisent à mi-chemin : c’est la rencontre entre Cécile Borne, chorégraphe contemporaine et plasticienne, chasseuse de trésors et de mémoires, et Gildas Sergent, chorégraphe amoureux de la danse bretonne qui utilise ce matériau populaire comme moyen moderne d’expression.
De la danse contemporaine à la danse traditionnelle, du geste de métier au corps dansant, il n’y a qu’un pas pour qui sait y saisir l’occasion de renouveler son regard et d’initier des croisements inédits.
Treizour est un spectacle qui s’est tissé sur plusieurs mois d’échanges féconds entre danseurs, chanteurs et chorégraphes, suivant l’intuition que pourraient se mêler les expériences glanées çà et là, se rencontrer traditionnel et contemporain, se répondre chansons anciennes et récentes, se réunir chanteurs et danseurs, professionnels et amateurs, en suivant ensemble le fil rouge du passage, de l’échange. Des corps qui se découvrent, se réveillent et puisent dans leurs racines, dans un fond de danses traditionnelles qu’ils ont ingéré, modifiant jusqu’à leur façon de se mouvoir. Des voix qui s’apprivoisent, se redéfinissent dans leur rapport aux autres, dans la joie de se retrouver réunies pour la première fois sur scène.
Des corps dansants qui s’expriment en laissant de côté tout formalisme, qui interagissent, qui inventent, avec ce qu’ils sont, un rapport au corps de l’autre.
Une aventure individuelle et collective, d’invention, de recherche intime, sur ce dont nos corps, nos chants et nos danses peuvent être les passeurs.
LES KORRIGED IS
LES KORRIGED IS
Acteur de la culture douarneniste depuis plus de 50 ans, le cercle celtique Korriged Is est, depuis les années 2000, engagé dans une vision vivante et contemporaine de la danse bretonne. Il casse les codes en se servant de la danse bretonne comme d’un moyen d’expression et non plus comme une fin en soi.
La lutte ouvrière, la guerre, la séparation, l’énergie, la résistance, le rapport à l’altérité… sont traités dans une mise en scène novatrice soutenue par la rencontre avec d’autres formes d’expression artistique (théâtre, projections vidéo) parfois très loin de l’univers bretonnant (ragtime, disco, tango, modern jazz). Plus de 25 000 personnes ont assisté aux représentations des quatre derniers spectacles (War an Aod, Je vous dirai…, Plogoff !, Egile), tous primés Ensemble départemental.
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